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Carte postale de la BlizzCon : premier jour

Carte postale de la BlizzCon : premier jour

L’une des phrases d’accroche de la BlizzCon est une citation souvent attribuée par erreur au poète William Butler Yeats, ce qui est tout à fait compréhensible tant elle est, en effet, empreinte de poésie :

« Il n’y a pas d’inconnus ici, seulement des amis que vous n’avez pas encore rencontrés. »

Que cette phrase vous parle ou non, c’est sans doute à la BlizzCon qu’elle a le plus de véracité, et en particulier dans le cadre de la coupe du monde d’Overwatch. Avec huit pays qui se disputent l’or pendant deux jours, vous allez rencontrer toutes sortes de gens venus de toutes sortes d’endroits dans l’Overwatch Arena : des compatriotes et co-supporters, des cosplayeurs que vous n’avez vus que sur internet, ou encore des joueurs de l’Overwatch League qui font la queue pour acheter à manger.

Pendant les cérémonies d’ouverture, par exemple, vous pourriez faire la connaissance d’un certain Preston, qui tient une boutique de jeux à San Diego, avale une pinte et réagit à toutes les annonces de jeux qui s’ensuivent comme un marmot le matin de Noël.

À la BlizzCon, tout le monde connaît un Preston, et tout le monde est un Preston. Et tout le monde a une histoire.

Les supporters

Cette année, la BlizzCon s’est efforcée de rassembler les supporters de chaque équipe en sections distinctes dans le public, de façon à ce que chaque pays profite d’un noyau dur de soutien indéfectible, pour de merveilleux résultats. On a pu entendre les slogans bien organisés des Sud-Coréens, compter un nombre impressionnant de Chinois, assister aux explosions de bruit plus spontanées des Américains et des Canadiens, vibrer aux chants de stade caractéristiques des Français (et à leur hymne, toujours un grand moment), et s’exclamer « oi oi oi » avec les indomptables Australiens.

Si les Britanniques n’étaient pas les plus bruyants, ils ne manquaient pas de fans acharnés.

Comme Becky et Joseph, qui ont fait onze heures d’avion depuis Manchester, dans le nord de l’Angleterre, pour assister à la BlizzCon pour la première fois. Joseph portait un maillot de London Spitfire, et ils avaient tous les deux le moral au plus haut après le blocage complet infligé par leurs joueurs aux Américains sur King’s Row, amenant le score à 1 partout.

Comme il y a peu d’événements e-sportifs chez eux qui pourraient leur servir de point de comparaison, la BlizzCon était une expérience assez renversante pour nos amis. Becky en restait « sans voix, la plupart du temps ».

« Ça change beaucoup par rapport à la Grande-Bretagne, où on n’a pas une scène gaming aussi importante qu’ici, a expliqué Joseph. Par exemple, la salle en ce moment est presque entièrement américaine, on n’est qu’un petit contingent de Britanniques. »

Cette différence pouvait sembler écrasante au début, mais malgré les pronostics, l’égalisation avait semé les graines de l’espoir chez les supporters.

« On vient de remporter une carte ! s’est exclamée Becky. On s’attendait à une défaite sans appel, en toute franchise.

– Vu nos piètres performances de l’an dernier, je suis vraiment étonné qu’on ait réussi à gagner une carte, alors on est déjà très fiers qu’ils soient arrivés aussi loin, » a ajouté Joseph.

Traverser l’océan pour encourager une sélection ayant peu de chances de victoire représente un bel acte de foi, mais comme l’équipe du Royaume-Uni l’a prouvé à Becky et Joseph, il arrive que la foi soulève des montagnes. Mais même dans le cas contraire, l’investissement émotionnel n’en reste pas moins gratifiant.

Il suffit de demander aux Australiens. Avec leurs combinaisons kangourou ou leurs maillots jaune et vert sur le dos, et leurs drapeaux bleus et toutes sortes de pancartes créatives à la main, c’était clairement la section qu’on pouvait identifier du premier coup d’œil. On y trouvait notamment Micah, qui « ne s’y connaît pas si bien que ça » en Overwatch, mais qui en sait manifestement assez pour voir en Ashley « Trill » Powell l’un des joueurs australiens les plus impressionnants, et pour évoquer le recrutement récent du Néo-Zélandais Kelsey « Colourhex » Birse par Boston Uprising.

Il va sans dire que Micah était comme un poisson dans l’eau parmi les autres supporters australiens. « C’est absolument fantastique, pas vrai ? a-t-il lancé. Avoir une section par pays, ça donne une vraie ambiance de compétition sportive internationale. On peut repérer chaque nationalité, et les entendre chanter et encourager leur équipe. »

Il avait accepté le fait que l’Australie n’avait pas la moindre chance de battre la Corée du Sud, mais rien ne pouvait atténuer la fierté qu’il ressentait pour son équipe.

« Le fait qu’ils soient présents ici, pour moi, c’est déjà une immense victoire, a-t-il insisté. Ça montre qu’on est là pour jouer. Qu’on gagne ou qu’on perde, on va donner tout ce qu’on a, et on va montrer que l’Australie compte en Overwatch compétitif, que l’Australie s’y connaît en e-sport. On va encourager ces gars tout du long, qu’ils gagnent ou qu’ils perdent. On est déjà tellement fiers d’eux. »

La directrice générale

Ce n’est pas la première BlizzCon de Qiong « ChiXiaoTu » Li, mais c’est la première fois qu’elle y endosse le rôle de DG de la sélection chinoise. Son équipe s’est assuré une place en demi-finale, son meilleur résultat en coupe du monde d’Overwatch.

« Jusqu’ici, les résultats de l’équipe de Chine n’ont pas été suffisants, ce qui donnait l’impression que la Chine n’était pas à la hauteur, mais au fond de moi, je savais que ce n’était pas vrai, a-t-elle indiqué. Cette fois-ci, j’ai l’occasion d’amener ces joueurs à la BlizzCon et de montrer au monde que si, nous sommes à la hauteur. »

En tant que DG, ChiXiaoTu a une vision particulièrement claire du potentiel de la sélection chinoise. Vu ses résultats jusqu’ici, elle peut atteindre des sommets, et la directrice tient à ce que les joueurs conservent cette dynamique.

« Même si nous avons gagné aujourd’hui, nous avons dit aux joueurs de ne prendre que cinq minutes pour fêter leur victoire, car nous devons encore nous préparer à affronter le Canada, a-t-elle expliqué. Nous ne voulons pas qu’ils deviennent survoltés, car nous tenons à ce qu’ils aillent encore plus loin. Cette année, les attentes sont très élevées : je pense qu’ils peuvent arriver en finale et peut-être affronter la Corée du Sud. »

Son travail consiste aussi à s’assurer que les joueurs profitent de leur séjour à la BlizzCon, et comme elle a elle-même vécu une partie de l’année à Los Angeles pour travailler à l’Overwatch League, elle a des idées à proposer.

« J’ai très envie de les emmener aux studios Universal ! J’y suis déjà allée quatre fois, mais je tiens vraiment à y accompagner l’équipe de Chine ! Je veux qu’ils voient ça, et ils ont aussi envie d’y aller, a-t-elle annoncé en riant. En fait, avant le match, on a dit que si on perdait, on aurait toute la journée de demain pour s’amuser, mais c’était pour rire : bien sûr, on tient à continuer à gagner. »

« En Thaïlande, après avoir remporté la phase de groupe, nous voulions emmener les joueurs s’amuser, a ajouté ChiXiaoTu. Mais ils étaient trop fatigués le lendemain matin, et tout le monde a dormi jusqu’à midi, alors nous n’avons rien pu faire. Ils se donnent tant de mal à l’entraînement et en compétition que nous tenons à les récompenser. »

La route a été longue, et si la Chine atteint la rédemption samedi à la BlizzCon, les récompenses auront été amplement méritées.

L’animatrice

Il y a exactement un an, Mica Burton était à la BlizzCon et faisait la même chose que bien d’autres spectateurs : elle regardait les matchs et se demandait quel joueur soutenir. Son choix s’était arrêté sur Jong-Ryeol « Saebyeolbe » Park, qui a mené à… eh bien, beaucoup de choses, mais la cerise sur le gâteau était son rôle de ce week-end : envoyée spéciale auprès des équipes pour la diffusion de la coupe du monde d’Overwatch, et non plus simple fan.

Elle décrit l’expérience comme « surréaliste » et son intégration au sein de l’équipe de commentateurs comme le fait d’avoir « une très très très grande famille ».

Cette famille, Mica l’a vue s’étendre de plus en plus, en passant des Contenders d’Amérique du Nord à la phase de groupe de la coupe du monde à Bangkok, et désormais sur la grande scène de la BlizzCon. Mais le frisson est toujours bien présent.

« J’ai dû retenir mes larmes plus d’une fois aujourd’hui, a-t-elle avoué. C’est vraiment quelque chose d’être ici. Rien que le fait de lancer un simple “Tout le monde est chaud ?” et d’entendre des milliers de gens crier, c’est… il n’y a pas de mot pour décrire ce qu’on ressent au creux du ventre. »

Travailler dans l’équipe de diffusion implique des caméras, de la confusion et des fiches bristol, mais comme la coupe du monde d’Overwatch l’a si souvent montré, le côté supporter ressort toujours à un moment ou à un autre, qu’il s’agisse de vanter son équipe au bureau des analystes ou de lancer un pari malencontreux. C’est aussi ce qui donne de la saveur aux retransmissions.

« Tout le monde fait preuve de professionnalisme, mais on a tous nos favoris, a-t-elle indiqué. Je sais que Jake avait sûrement envie de commenter le match des États-Unis parce que ses coéquipiers de Houston Outlaws jouaient. C’est ce qu’il y a de mieux dans le sport… même quand c’est votre travail, vous êtes forcément supporter. Je crois qu’il faut être supporter pour en faire son travail ! »

L’an dernier, c’était Saebyeolbe. Cette année, quel joueur de la coupe du monde d’Overwatch Mica a-t-elle à l’œil ?

« Guxue. Ce garçon est un tank hallucinant, a-t-elle répondu sans hésiter. Je vous garantis que je serai là pour l’encourager quand il intègrera l’Overwatch League. »

Les joueurs

Pour de nombreux joueurs pros, la BlizzCon est en général l’apogée de la saison compétitive. Si ce n’est pas nécessairement le cas de la coupe du monde d’Overwatch, c’est uniquement parce que l’Overwatch League existe, mais le niveau de jeu est comparable, et il faut bien admettre que c’est ici que l’on aura le plus de surprises. Il aura d’ailleurs fallu moins de deux heures pour assister à la première du week-end, et elle était de taille : le Royaume-Uni a vaincu l’équipe locale, favorite du tournoi, alors que les États-Unis étaient, de l’avis général, bien partis pour atteindre la finale, si ce n’est la remporter.

Mais le palmarès en match amical ne garantir en rien le succès : il s’agit d’assurer au moment décisif, et après un beau départ américain sur Ilios, les Britanniques ont fait taire le public local en remportant trois cartes consécutives. Les Américains avaient un plan de jeu, mais ils n’avaient pas pris en compte la toute nouvelle agressivité du Royaume-Uni, menée par le tank principal Cameron « Fusions » Bosworth, récemment intégré à l’équipe.

@7LionsOW pull off the upset and advance to the semifinals of the Overwatch World Cup Top 8! #OWWC2018 pic.twitter.com/Cnj1ZRo1tU

— Path to Pro @ #OWWC2018 (@owpathtopro) November 2, 2018

« Les @7LionsOW remportent une victoire surprise et seront présents en demi-finale du Top 8 de la coupe du monde d’Overwatch ! #OWWC2018 »

L’équipe britannique tout entière a aussi puisé son inspiration dans sa défaite face à la France en phase de groupe.

« Ce que les Français nous ont appris de plus important, quand on a joué contre eux, c’est qu’ils jouaient de façon très agressive, sans crainte, a indiqué le DPS Michael “MikeyA” Adams. On a compris que pour être la meilleure équipe en triple-triple, il fallait y croire, se soutenir les uns les autres et jouer très agressivement. Tous ensemble. C’est ce qu’on a réussi à faire aujourd’hui. Et puis pendant la préparation, ce qui nous donnait le plus de mal en match amical, c’est qu’on ne jouait pas bien les uns avec les autres, on ne faisait pas tout ensemble. Alors qu’à mon avis, dans ce match, on a bien vu que quand un ordre était donné, tout le monde le suivait sans discuter. »

La victoire 3 à 0 du Canada contre la France était aussi une surprise, d’une certaine façon, puisque la France était sortie première de son groupe, mais ce quart de finale était censé être le plus disputé de toute façon. Les trois cartes ont été terriblement serrées : Busan a duré trois manches, Eichenwalde nous a offert l’un des affrontements au point C les plus tendus qu’on ait vus dernièrement, et Anubis a eu droit à trois allers-retours sur presque 25 minutes. C’était le genre de match où l’e-sport a l’air aussi exigeant physiquement que le sport traditionnel.

La Chine a rencontré un peu moins de résistance que le Canada en battant la Finlande 3 à 0, et l’essentiel était concentré sur la troisième et dernière carte, Hanamura. Si la Chine est bien respectée en tant que région, elle est néanmoins passée relativement inaperçue pendant cette coupe du monde d’Overwatch, ce qui, d’après l’équipe, a joué en sa faveur. Après la BlizzCon, plus personne ne devrait sous-estimer les joueurs chinois, à commencer par le tank principal Qiulin « Guxue » Xu, qui a de solides arguments pour briguer le titre de MVP du tournoi, avec des actions de ce genre :

Guxue?

More like GET OUT OF MY BAR #OWWC2018 pic.twitter.com/Bz6xpJubOb

— Path to Pro @ #OWWC2018 (@owpathtopro) November 3, 2018

« Guxue ? Plutôt LE GORILLE VIDEUR DU BAR »

Les fans d’Overwatch font toujours honneur au bon jeu, et les rugissements en l’honneur de la Chine ont été parmi les plus puissants de la journée. Pour Tianbin « LateYoung » Ma, « il y a une ambiance particulière ici. Nous avons aussi beaucoup de supporters, et quand on les entend nous encourager, ça nous met un peu sous pression, mais on arrive tout de même à bien jouer. »

Les Coréens cherchent à faire la fierté de leur pays à chaque fois qu’ils montent sur scène. Avec un tel palmarès dans Overwatch, notamment deux titres de champions de la coupe du monde d’Overwatch, c’est presque une question d’honneur. Mais ce n’est pas pour autant qu’il faut toujours garder le plus grand sérieux, comme l’équipe l’a montré lors de sa victoire 3 à 0 contre l’Australie, où l’on a pu apercevoir Mei et Torbjörn une fois la ligne d’arrivée en vue.

@carpe_ow TORBJÖRN SIGHTING #OWWC2018 pic.twitter.com/uQCyUFYroe

— Path to Pro @ #OWWC2018 (@owpathtopro) November 3, 2018

« @carpe_ow NOUS SORT TORBJÖRN »

Cette équipe a réussi à retrouver une cohésion très peu de temps après avoir remplacé trois joueurs pour la BlizzCon. Le monstre est façonné à partir de pièces disparates, mais la Corée parvient à le faire fonctionner à merveille.

« On vient tous d’équipes différentes, ce qui nous donne l’occasion d’apprendre comment les autres équipes font face à certaines situations ; par exemple, comment Fate peut s’en sortir avec les Valiant, a expliqué le soutien Tae-Sung “Anamo” Jung. Avoir la perspective d’autres équipes, c’est génial, et on s’amuse beaucoup. »

S’amuser, comme le DPS Jae-Hyeok « Carpe » Lee l’a fait avec Mei et Torbjörn… Mais quand on lui parle de ces choix inhabituels, il se contente de sourire et de dire : « C’est un secret. »

Le 29e héros d’Overwatch

Un vol d’explosif dans un train donne à McCree la chance de régler quelques affaires en suspens avec d’anciens partenaires.

Regardez RETROUVAILLES maintenant ! pic.twitter.com/ZFGDB5n21r

— Overwatch (@OverwatchFR) 2 novembre 2018

La nouvelle héroïne du jeu a fait sa première apparition à l’Overwatch Arena avant le lancement des matchs. Ashe, ainsi que son fidèle acolyte omniaque B.O.B., a immédiatement été l’objet de nombreuses discussions en ligne. Les joueurs de la coupe du monde d’Overwatch nous ont aussi donné leur avis.

« Une ulti qui invoque un autre personnage en jeu, c’est franchement intéressant dans un jeu de tir, a estimé le DPS américain Zachary “ZachaREEE” Lombardo. Son ulti seule pourrait la rendre super puissante, mais son kit de base a l’air vraiment marrant à jouer et assez costaud aussi, avec beaucoup de mobilité et de potentiel. »

Le Britannique Eoghan « Smex » O’Neill était du même avis. « Je n’ai pas encore vu comment l’omniaque fonctionne. Je crois que ça va vraiment être l’aspect essentiel de cette héroïne. C’est comme ajouter un septième héros au combat. Ça ouvre certaines possibilités avec de nouveaux itinéraires pour flanquer en duo, par exemple. Je suis curieux de voir comment ça marche. »

Lane « Surefour » Roberts, qui est généralement très confiant en ses aptitudes, a lancé une sorte de défi au reste de la communauté. « Je vais être le meilleur avec cette héroïne, les doigts dans le nez, parce que c’est exactement mon genre de héros, a-t-il déclaré. Il faut beaucoup de précision et de constance. » Il a ajouté que s’il la jouait suffisamment, il pensait pouvoir pousser Blizzard à réduire un peu sa puissance.

La palme de l’avis le plus bref revient sans doute à LateYoung, qui s’est contenté d’un : « Blizzard ne me décevra pas. »

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